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Vogalonga

le 24/07/2017

Elles l’ont fait ! Et plutôt bien même : elles ont dépassé pas mal de bateaux et se sont surtout surpassées pour arriver, en six heures, au bout de ces 32 km interminables. Un an plus tôt, sur les rives de la Deûle (rivière-canal à Lille qui rejoint la Belgique), il n’était pas facile d’imaginer pouvoir en arriver là. Une seule pourtant le savait possible : Laurence B., deux Vogalonga à son actif. C’était elle la capitaine de ce nouvel équipage de femmes d’âges et de motivations différents, mais avec toutes un point commun : le cancer.

Une préparation longue et complexe

Elles étaient une quinzaine à s’être inscrites aux entraînements de canoë de l’association La Deûle à Lille, spécialisée dans l’insertion sociale par le sport et partenaire de longue date de l’association Émeraude. « Notre objectif est de les former à être autonomes avec leur canoë. On adapte le matériel pour elles (pagaies ultralégères, canoë léger de seulement 100 kg, sièges adaptés), on leur apprend la gestion de l’effort sur la durée et les techniques de sécurité, et on les conseille sur les tenues. Sans oublier toute la logistique à assurer pour le transport du matériel », raconte le directeur, Jean-Baptiste Gérardot-Dumay. Déjà complexe ! La part psychologique l’a été encore plus… Il a fallu que chacune trouve son alter ego et son rang sur le canoë. Et maintenir la motivation tout au long des entraînements – une à deux heures, une fois par semaine, quel que soit le temps lillois, en intégrant les absences pour examens médicaux et les baisses de moral et de forme des unes et des autres. « On a commencé par faire de la mayonnaise avec nos pagaies, raconte Fatiha. Puis de la chantilly. Et c’était parti ». Elles étaient sûres d’une seule chose : leur entente soudée, toutes ensembles. Mais pas de réussir à pagayer 32 km, car elles n’ont jamais pu tester cette distance sur la Deûle… Le défi était d’autant plus grand.

Des bénéfices multiples

C’est donc avec une fierté authentique qu’elles ont fêté le retour de la régate le 20 juin, entourée de leur famille (très impliquées), mais aussi de leurs soignants dont elles ont salué l’engagement et le soutien exemplaire. « Je ne les ai pas suivies médicalement mais psychologiquement, témoigne l’oncologue Sylvain Dewas. Elles se sont rendu compte qu’elles étaient capables de réaliser des objectifs, de regagner de la confiance en soi, de s’approprier leur corps, et de retrouver du lien social ». Des bienfaits tout aussi importants que les bénéfices physiques de la pratique d’un sport pendant les traitements du cancer du sein. Un cocktail que revendique Martine Péqueur, présidente d’Émeraude qui a accompagné plus de cinq cents femmes en maladie et/ou en rémission : depuis 2005 : « Ces treize femmes qui ne se connaissaient pas il y a un an sont aujourd’hui très soudées. La régate est déjà un défi, mais quand il y a un cancer, c’est beaucoup plus qu’un défi, individuel et collectif », insiste-t-elle. À les voir toutes si heureuses en ce jour de fête, on voit bien qu’elles ont surtout relevé le défi de la vie.